Paris Soir - Mondiaux d'athlétisme: Armand Duplantis, né pour sauter

Souriant, charmant, volontiers chambreur mais apprécié de ses pairs, "Mondo" Duplantis (25 ans) évolue avec aisance sur le circuit professionnel de l'athlétisme depuis 2019, où il brille de mille feux.

Difficile d'imaginer ce jeune adulte solaire, champion olympique 2021 et triple champion du monde (2022, 2023 et 2024), en adolescent solitaire, un jour sous lequel il apparaît dans le documentaire "Born to fly" (titre français: "Toujours plus haut"). On y voit le prodige de la perche entre ses 17 et 22 ans, archives familiales de sa petite enfance à l'appui.

Perche en main depuis qu'il est en âge de marcher, "Mondo" apprend à sauter dans le jardin familial, et perfectionne son art sur la piste décatie de son lycée, toujours seul à s'envoler, sous le regard de sa mère suédoise Helena, dont il prendra la nationalité sportive, et de son père américain Greg, ses deux entraîneurs.

Dans une séquence, il tente timidement de défendre sa place face à une bande de gros bras d'une équipe de football américain, qui le gêne sur la piste en jetant un regard curieux sur ce gringalet et ses perches en fibre de verre de 5,20 m de long.

- "Face à toi-même" -

"La perche c'est un sport très solitaire. Tu es juste face à toi-même, tout le temps", souffle alors l'adolescent.

Mondo grandit dans une tribu, avec deux grands frères et une petite soeur. Tous savent sauter -- la petite soeur Johanna a même été invitée en Ligue de diamant cet été -- mais il se montre vite le plus adroit et le plus possédé.

"Avec mes perches ? J'ai une relation amour-haine, décrit-il à l'AFP. Il faut prendre grand soin de ses perches. J'ai appris ça enfant. Je n'étais jamais aussi heureux que lorsque j'en recevais une nouvelle. J'ouvrais le tube, il y avait cette odeur de neuf, elles sont alors parfaites, sans aucune égratignure, toujours mon cadeau de Noël préféré !"

Enfant puis adolescent, Armand Duplantis ne supporte pas l'échec et finit en larmes, furieux, après chaque saut raté. "Cette perche est nulle !", balance-t-il à son père, encore haut comme trois pommes.

"Il ne supporte pas la contre-performance", maugrée son papa aux gros bras, ancien perchiste de haut niveau (5,80 m).

"Sur les vieilles vidéos de lui on le voit à fond, non stop, à pleurer tout le temps, il était tellement émotif, rappelle à l'AFP le réalisateur Brennan Robideaux. Il vivait sa vie à 200%. S'il était triste, les larmes montaient immédiatement, s'il était heureux il sautait partout, un vrai personnage de dessin animé. Il est toujours hyperactif aujourd'hui mais il a appris à se contrôler".

- Mariage et musique -

Entraîné seul par ses parents, entre la Louisiane et la Suède, ses deux maisons, Mondo explose aux aux yeux du monde avec un titre européen en 2018 à 18 ans.

En 2020, il bat le record du monde de son idole Renaud Lavillenie en franchissant 6,17 m. Une marque qu'il a amélioré centimètre par centimètre, décrochant en parallèle tous les grands titres internationaux, jusqu'à la porter à 6,30 m lundi. Le Français, huitième des Mondiaux de Tokyo, l'a chaleureusement félicité.

Depuis son premier record du monde en 2020, "je suis resté le même, tout en étant devenu très différent, je me connais mieux", a récemment admis Duplantis. "Je suis plus mature. En fait, je suis moi-même, mais une meilleure version."

Devenu adulte, l'adolescent monomaniaque s'est aussi construit un monde en dehors du sport.

Fiancée à sa compagne Desiré Inglander, une influenceuse suédoise rencontrée en 2020, Mondo Duplantis va se marier l'année prochaine, une étape qu'il a qualifiée de "chapitre énorme" de sa vie.

Fan de mode, il se passionne depuis quelques temps pour la musique, qui occupe une place de plus en plus importante dans sa vie. En février, il a même sorti son premier single, "Bop", désormais régulièrement diffusé dans les stades quand il concourt.

J.Seguin--PS