Rugby: Joseph Sua'ali'i, le treiziste qui doit sauver l'Australie
Venu du XIII, le rugby dominant en Australie, le centre Joseph-Aukuso Sua'ali'i est le joueur qui doit permettre aux Wallabies de retrouver leur force d'antan, à deux ans de leur Mondial, même s'il arrive à Paris un peu à bout de souffle, comme son équipe.
Ne pouvant se permettre à domicile l'humiliation d'une élimination en phase de groupes comme lors du Mondial-2023 en France, la fédération australienne n'a pas hésité à casser sa tirelire pour attirer en 2024 la pépite du rugby à XIII, âgée aujourd'hui de 22 ans.
Les passages entre le puissant et populaire championnat à XIII NRL et les franchises et la sélection nationale à XV en vue d'une coupe du monde sont réguliers pour les Australiens: c'est aussi le cas de Carter Gordon, l'ouvreur des Wallabies qui défieront les Français samedi.
Grand (1,93 m), puissant, rapide, Joseph-Aukuso Sua'ali'i, positionné au centre avec le numéro... 13, a dû vite prendre ses marques à XV, avec un premier match officiel contre l'Angleterre en novembre 2024. Il a ensuite enchaîné avec une saison en Super Rugby, interrompue par des blessures, avant de disputer 13 matches avec les Wallabies depuis juillet, dont 11 en intégralité.
Et le 14e samedi au Stade de France (21h10) aura une importance cruciale pour le Mondial puisque les Australiens ont besoin de gagner par au moins 16 points d'écart pour revenir dans le top 6 et être tête de série lors du tirage au sort, début décembre.
- En train de grandir -
"J'apprends simplement. J'ai posé beaucoup de questions. Je crois que c'est l'une de mes forces: toujours poser des questions. Comment puis-je m'améliorer ? Me connecter avec l'équipe ? C'est vraiment là-dessus que je suis concentré. J'apprends comment progresser dans le jeu mais aussi comment créer des liens avec les gars en dehors du terrain", a expliqué le prodige en début de semaine à Paris.
Sa présence dans les airs est aussi une de ses grandes qualités, lors des renvois ou des chandelles, un domaine où la France peine encore à s'imposer.
"Le rugby ne se résume pas à simplement avoir le ballon en main. On peut avoir un impact en défense, dans les airs, en aidant les coéquipiers à trouver des espaces (...) Je suis encore en train de grandir dans ce sport. J'ai l'impression que c'est ma première vraie année à jouer professionnellement au rugby, donc je reste conscient de ça", développe-t-il.
Sa montée en puissance s'est confirmée en début de saison internationale, avec quatre essais lors des quatre premières journées du Rugby Championship, dont un lors de la victoire de prestige en Afrique du Sud (38-22). Et il a été nommé en début de semaine parmi les quatre finalistes pour être la "révélation de l'année" internationale par World Rugby. Le vainqueur sera connu samedi.
Mais à l'image de son équipe, qui a perdu six de ses sept derniers matches, le joueur est désormais moins flamboyant. En Europe, les Australiens ont perdu leurs trois premiers matches, contre l'Angleterre (25-7), l'Italie (26-19) puis l'Irlande (46-19, pire défaite contre cet adversaire) et ils risquent de terminer une tournée sans victoire pour la première fois depuis 1958.
"Les trois dernières semaines ont vraiment mis à l'épreuve notre caractère en tant qu'équipe, et même individuellement. Je préfère voir cela comme un défi", assume-t-il.
Son entraîneur Joe Schmidt n'a pas dit autre chose jeudi en conférence de presse: "C'est frustrant de traverser une période d’apprentissage sans avoir la récompense visible du résultat".
T.Girard--PS