New York, marathon géant, mais pas assez pour satisfaire l'énorme demande
Les organisateurs du marathon de New York attendent plus de 55.000 coureurs à l'arrivée dimanche, avec un possible record mondial de participation à la clef, mais les heureux élus seront bien moins nombreux que les candidats recalés faute de places, symbole de la popularité sans précédent de la course à pied.
Dan Bucherer a arrêté de compter le nombre de ses inscriptions, sans succès, au tirage au sort -une dizaine depuis 2010. "C'est un peu frustrant parfois", confie ce coureur assidu qui vit à Fulton (Maryland).
Cette année, ils étaient plus de 200.000 à tenter leur chance à la loterie, selon les organisateurs du "TCS New York City Marathon", de son nom officiel, un chiffre en hausse de 22% par rapport à l'édition précédente.
Seuls "2 à 3% des candidats ont été acceptés", ont-ils indiqué à l'AFP, ce mode d'inscription n'étant qu'un des cinq moyens principaux de décrocher le précieux sésame.
"La plupart des gens que je connais ne font même pas le tirage au sort parce qu'ils pensent que la probabilité d'être sélectionné est trop faible", constate Hannah Campbell, new-yorkaise de 37 ans qui s'y est essayée "trois ou quatre fois".
Pour les habitants de la région, il est possible de passer par le programme "9+1" qui garantit un dossard moyennant la participation à neuf autres courses organisées, durant l'année précédente, par les New York Road Runners (NYRR), organisation à but non lucratif qui gère le marathon.
En comptant tous les frais d'enregistrement, marathon compris, le ticket "9+1" revient à au moins 600 dollars.
Mais ces petites courses sont désormais, elles aussi, prises d'assaut et affichent complet au bout de quelques heures seulement, transformant cette planche de salut en un autre parcours du combattant.
- "Boom" post-Covid -
"Avec le boom de la course à pied qui a suivi la pandémie (de Covid), les New York Road Runners ont enregistré une participation record dans tous nos événements", confirment les organisateurs à l'AFP.
Après l'explosion du début des années 2000, le phénomène "running" s'était essoufflé à la fin des années 2010 en Occident.
Mais la sortie du confinement l'a complètement relancé, au point que, selon la plateforme d'inscription RunSignUp, quelque 20 à 25 millions de personnes se sont inscrites à des épreuves en 2024 aux Etats-Unis, contre un peu plus de 18 millions en 2018.
"Il faut être là immédiatement après la mise en vente des places", a observé Hannah Campbell, qui a pris part à plusieurs compétitions des NYRR. "Et il y a eu des fois où je n'ai pas réussi."
Soumis aux contraintes logistiques d'une course en ville, le gestionnaire du marathon le plus célèbre au monde ne parvient plus à pousser les murs, et le nombre de concurrents n'a progressé que de 5% entre 2018 et 2024.
Londres lui a repris en mars le record mondial pour un marathon, avec 56.640 coureurs ayant franchi la ligne d'arrivée.
Pour les coureurs qui n'ont pas le niveau des minima qualificatifs pour la grand-messe new-yorkaise, soit 2H53 pour les 18-34 ans chez les hommes et 3H13 chez les femmes, il reste deux options.
- "Marathon de rêve" -
La première consiste à lever des fonds pour une oeuvre de charité, avec un plancher de 3.000 dollars, à quoi il faudra ajouter les 315 dollars d'inscription à la course (pour les non membres des NYRR).
La seconde, pour les non-résidents aux Etats-Unis, passe par un tour-opérateur, et nécessite de débourser au moins 3.000 dollars.
"Je pourrais prendre l'argent des vacances en famille pour me faire mon marathon, mais ce serait un peu égoïste", glisse Keith Hoelzeman, qui compte plusieurs autres marathons à son actif.
Quelque 14.000 personnes accèdent au Graal via un don à une association et le même nombre par le biais d'un voyagiste.
Keith Hoelzeman, qui vit en Arkansas, tentera de nouveau sa chance l'an prochain parce que "New York, c'est le marathon de rêve".
Hannah Campbell sera aussi de la loterie. "Je laisse le sort décider", dit-elle. "Si c'est l'année de mon marathon, je m'entraînerai et je ferai les efforts nécessaires, mais je ne veux pas faire l'impossible pour en être."
H.Leroy--PS