
Rugby: un XV de France amoindri si proche mais si loin des All Blacks

Comme à Dunedin lors du premier match, le XV de France a tenu tête samedi à la Nouvelle-Zélande mais a encore logiquement fini par abdiquer (29-19), dans un combat à armes inégales en raison de l'absence de nombreux cadres.
Jusqu'à la sirène de la première période, les Bleus ont réalisé un match quasi parfait: fort dans les collisions, les rucks et les ballons portés, efficaces en attaque, ils menaient 19-10. L'essai concédé était même plus "un cadeau" donné aux Blacks sur un mauvais positionnement et une mauvaise communication, selon le sélectionneur Fabien Galthié.
Mais entre la sirène et le retour aux vestiaires, les Néo-Zélandais ont aplati une deuxième fois (19-17), malgré les protestations françaises pour une faute sur l'action. Et au retour de la mi-temps, les vagues noires ont eu raison de la défense bleue "héroïque", toujours selon le sélectionneur, et qui a réalisé près de 300 plaquages sur le match.
Durant la tournée, "j'ai appris que n'importe quelle équipe de France pouvait relever le défi", néo-zélandais, a salué après le match Gaël Fickou en conférence de presse, mettant en avant "la force mentale et collective" face aux critiques sur une équipe qui a traversé le monde sans ses cadres. "Ce n'est que partie remise" a-t-il promis aux Néo-Zélandais.
- Etat d'esprit irréprochable -
Car s'ils ont coulé dans la première période du deuxième test match à Wellington (29-3), les Bleus ont tenu le choc sur les cinq autres.
"Le sentiment à chaud est pas mal de frustration. Même si le score ne le reflète pas trop, je pense qu'on est passé pas loin de pouvoir y croire jusqu'à la fin, même pourquoi pas de faire un exploit", a avancé samedi en zone mixte le talonneur Pierre Bourgarit.
Mais si les Bleus se sont vaillamment accrochés, difficile d'imaginer gagner un de ces trois matches autrement que par un concours de circonstances favorables.
Lors du premier affrontement à Dunedin (31-27), des All Blacks en rodage avaient commis de nombreuses fautes de main et s'étaient vu refuser trois essais après recours à la vidéo.
Samedi à Hamilton, un effectif néo-zélandais largement remanié par rapport aux deux premiers tests a fait le siège du camp français avec 66% d'occupation et près de 60% de possession, et même 88% lors des dix dernières minutes. En plus des quatre essais marqués pendant le match, les All Blacks sont allés quatre fois dans l'en-but, mais des Bleus ont réussi à se glisser entre le ballon et le terrain pour annuler l'action.
Si les joueurs ont été irréprochables dans l'état d'esprit, il manquait sans doute d'autres qualités pour décrocher une première victoire depuis 2009 chez les All Blacks, une deuxième depuis 1994.
Un temps espéré, les cadres des matches d'automne et du Tournoi ont finalement décliné l'invitation ou ont été contraints de le faire par leur corps. Le réservoir français est profond mais pas assez face au pays du rugby, triple champion du monde.
Interrogé après le match sur ce qu'il serait advenu de la série avec des Bleus première classe, Fabien Galthié a balayé la question. "Ce n'est pas le moment. C'est gênant de parler de ça avec les gars qui se sont battus pendant cinq semaines pour relever le défi. Il faut quand même respecter ces joueurs qui ont été exceptionnels, valeureux et solidaires."
Ainsi sont les contraintes du rugby français, la plupart des clubs de Top 14 ayant déjà repris l'entraînement pour préparer la prochaine saison, début septembre. Pour savoir si le XV de France est capable de gagner loin de ses bases contre les All Blacks, il faudra vraisemblablement attendre au moins 2027, si les deux équipes se croisent lors du Mondial en Australie.
C.Blanc--PS