Négociations pour un cessez-le-feu dans le sud de la Syrie, après des combats meurtriers
Des négociations étaient en cours lundi soir entre les autorités syriennes et des représentants des druzes dans le sud de la Syrie pour parvenir à un arrêt des combats qui ont fait une centaine de morts, a annoncé l'un des principaux groupes armés druzes.
Les forces gouvernementales syriennes progressaient lundi vers la ville à majorité druze de Soueïda, malgré l'opposition d'Israël, qui a visé le secteur où ces affrontements entre combattants druzes et bédouins avaient éclaté la veille.
"Des négociations sont en cours entre les notables de Soueïda et des représentants du ministère de la Défense et des forces de la sécurité générale pour parvenir à une solution", a déclaré lundi soir à l'AFP Bassem Fakhr, porte-parole du Mouvement des hommes de la dignité, l'un des principaux groupes armés druzes.
Israël, qui était déjà intervenu ces derniers mois en Syrie sous prétexte de protéger les druzes, a annoncé avoir frappé dans cette région plusieurs chars des forces gouvernementales et ajouté qu'il ne permettrait pas de présence militaire dans le sud de la Syrie.
Ces frappes constituent "un avertissement clair au régime syrien. Nous ne permettrons pas que du mal soit fait aux druzes en Syrie", a déclaré le ministre de la Défense, Israël Katz.
Lundi après-midi, les forces gouvernementales qui avaient dépêché d'importants renforts dans la région ont pris le contrôle d'Al-Mazraah, un village druze aux abords de Soueïda, a constaté un correspondant de l'AFP.
Ces forces, appuyées par des chars, se sont déployées dans le village, où se trouvaient également des combattants tribaux bédouins, a-t-il ajouté.
"Les forces du ministère de la Défense se dirigent vers Soueïda", a déclaré à l'AFP un commandant de ces forces, Ezzeddine al-Chamayer.
Le ministère de l'Intérieur a affirmé que "les forces de l'armée et de la sécurité intérieure se sont rapprochées du centre" de Soueïda.
Les chefs religieux druzes ont appelé au calme et l'un des plus influents, cheikh Hikmat al-Hejri, a réclamé une "protection internationale immédiate" pour sa communauté, affirmant refuser l'entrée des forces gouvernementales dans les zones contrôlées par les druzes.
La province de Soueïda abrite la plus importante communauté druze du pays, une minorité ésotérique issue de l'islam qui compte quelque 700.000 membres en Syrie et est aussi implantée au Liban et en Israël.
- Craintes de massacres -
"Nous avons très peur, les obus nous tombent dessus. La circulation est paralysée dans les rues et les magasins sont fermés", a affirmé à l'AFP un père de famille de 51 ans, Abou Taym, à Soueïda.
"Nous craignons que le scénario du littoral se répète", a déclaré à l'AFP Amal, une femme de 46 ans, en référence aux massacres de centaines de membres de la minorité alaouite en mars, imputés à des groupes alliés aux forces de sécurité.
Le ministre de la Défense Mourhaf Abou Qasra a appelé sur X les soldats à "protéger les citoyens" contre "les bandes qui échappent à la loi".
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les affrontements ont fait 99 morts, parmi lesquels 60 druzes, pour la plupart des combattants mais également deux femmes et deux enfants, 18 bédouins, 14 membres de forces de sécurité et sept hommes armés non identifiés.
Le ministère de la Défense a fait état de 18 morts dans les rangs des forces armées.
- Autoroute fermée -
L'autoroute reliant Damas à Soueïda était fermée lundi, selon le correspondant de l'AFP.
Les tensions couvaient depuis des heurts interconfessionnels en avril entre combattants druzes et forces de sécurité dans les zones druzes proches de Damas et à Soueïda, qui avaient fait plus de 100 morts.
Des membres de tribus bédouines sunnites de Soueïda avaient participé aux affrontements au côté des forces de sécurité, selon l'OSDH.
A l'époque, des chefs locaux et religieux avaient conclu des accords, en vertu desquels des combattants druzes assurent depuis mai la sécurité dans la province.
Après la chute de Bachar al-Assad, renversé par une coalition de rebelles islamistes sunnites, les violences contre la communauté alaouite -plus de 1.700 morts- puis contre les druzes, ainsi qu'un attentat contre une église à Damas en juin, ont ébranlé la confiance dans la capacité du nouveau pouvoir à protéger les minorités.
H.Robin--PS