
Violences entre supporters en Argentine: 19 blessés dont 2 graves, plus de 100 arrestations

Une centaine de personnes restent placées en garde à vue jeudi en Argentine au lendemain des violents affrontements entre supporters argentins du club de football Independiente et chiliens d'Universidad Chile (l'U) qui ont fait 19 blessés dont deux graves.
Le ministère chilien des Affaires étrangères a indiqué que 19 de ses citoyens avaient été hospitalisés et que 101 personnes avaient été arrêtées. Six mineurs ont été remis en liberté.
Une source auprès du club d'Independiente a confié à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que "125" personnes avaient été arrêtées.
Après avoir visité l'un des hôpitaux où ont été répartis les blessés, Michael Clark, président du club de l'U, a indiqué qu'il ne restait plus que quatre personnes hospitalisées sur les douze initialement prises en charge, deux étant dans un état grave. "Par miracle il n'y a pas eu de morts", a-t-il dit.
Selon des témoins, certains des blessés l'ont été par arme blanche.
Face à la "gravité de ce qui s'est passé", le président du Chili, Gabriel Boric, qui dénonce un "lynchage inacceptable de Chiliens", a annoncé jeudi l'envoi en Argentine de son ministre de l'Intérieur, Alvaro Elizalde. "Nous allons protéger les droits de nos citoyens sans préjuger des responsabilités que pourrait établir la justice", a-t-il écrit sur le réseau social X.
- "Passivité", "irresponsabilité" -
La rencontre a été arrêtée à la 48e minute en raison d'affrontements dans les tribunes du stade Libertadores de América au sud de Buenos Aires, alors que les deux équipes étaient à égalité 1-1 (victoire de la U 1-0 à l'aller) dans ce match de la Copa Sudamericana, la deuxième compétition sud-américaine de clubs derrière la prestigieuse Copa Libertadores.
Les incidents ont commencé lorsque les supporters chiliens ont lancé des projectiles, dont des sièges et une bombe artisanale, vers les tribunes inférieures et latérales où se trouvaient des supporters argentins qui les ont renvoyés, a constaté un journaliste de l'AFP.
Au milieu du chaos, sans que les forces de sécurité n'interviennent, les supporters argentins ont escaladé la tribune supérieure pour s'en prendre à leurs homologues chiliens. Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des personnes se battant à coups de bâtons ou de matraques.
Un supporter - apparemment chilien - a sauté dans le vide depuis la tribune supérieure après avoir été acculé. Selon l'ambassadeur du Chili en Argentine, José Antonio Viera-Gallo, l'homme est hors de danger, un toit ayant amorti sa chute.
L'Association nationale de football professionnel (ANFP) chilienne a critiqué jeudi la "passivité" des personnels de sécurité du stade. Le président chilien a pointé "l'irresponsabilité évidente dans l'organisation".
Au moins 650 policiers et agents de sociétés privées devaient assurer la sécurité dans et hors de l'enceinte sportive.
"Ils arrachaient des objets des toilettes et les lançaient (...) le début du problème est clair avec un seul public", a déclaré Néstor Grindetti, président d'Independiente.
Le ministre de la Sécurité de la province de Buenos Aires, Javier Alonso, a rejeté la responsabilité sur l'organisateur de la compétition, la Confédération sud-américaine de football (Conmebol).
"La police a été claire et a dit qu'il fallait suspendre (le match). Il y a une responsabilité dans le retard de la Conmebol à suspendre le match alors qu'il était évident qu'il y avait une attitude très hostile" selon lui de la part des supporters chiliens, a-t-il déclaré à Infobae.
"Contrairement à d'autres matchs, il n'y avait pas de cordon d'agents de sécurité privée limitant les actions des visiteurs, ni en direction de la zone inférieure", a-t-il expliqué.
La Conmebol a dit jeudi qu'elle "agira avec la plus grande fermeté" pour punir les responsables. Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a demandé que "les autorités compétentes imposent des sanctions exemplaires aux auteurs de ces actes terribles".
Une enquête a été ouverte par le parquet argentin. Des inspecteurs procédaient jeudi à l'inspection du stade et ont réclamé les images de vidéosurveillance, a indiqué la source d'Independiente.
Le football sud-américain est régulièrement en proie aux violences et aux débordements. En avril, deux jeunes avaient été tués dans un mouvement de foule au Chili quand des supporters avaient tenté d'entrer de force dans un stade de Santiago.
N.Lucas--PS