
Tour d'Italie: l'échappée belle pour Asgreen, Del Toro creuse encore

Maître ès échappées, Kasper Asgreen s'est imposé en solitaire samedi sur le Tour d'Italie où Isaac Del Toro a encore augmenté son avance au classement général après un final chaotique vers Nova Gorica.
Promise aux sprinteurs, cette 14e étape arrivant en Slovénie dans la capitale européenne de la culture 2025 était censée n'être qu'une simple journée de transition et de récupération active pour les coureurs du classement général.
Elle a viré au chaos pour la plupart, à l'exception des trois grands gagnants du jour, le Mexicain Isaac Del Toro, plus que jamais maillot rose, le Britannique Simon Yates, son nouveau dauphin, et l'Equatorien Richard Carapaz, doublement heureux de remonter à la quatrième place du général et de pouvoir sabrer le champagne avec Asgreen, son coéquipier chez EF Education.
Une chute collective sur des pavés rendus glissants par la pluie, dans une ruelle aux airs de coupe-gorge à 23 kilomètres de l'arrivée, a chamboulé l'étape.
Elle a coupé le peloton en plusieurs petits groupes derrière l'échappée qui comptait alors encore trois coureurs, avant que Kasper Asgreen ne sème ses compagnons italiens Mirco Maestri et Martin Marcellusi à six kilomètres du but.
Del Toro, qui est lui même tombé sans gravité, a réussi à se glisser dans un premier groupe d'une quinzaine d'éléments avec Simon Yates et Carapaz.
Derrière, Juan Ayuso, le leader de Del Toro chez UAE, et Primoz Roglic se sont fait piéger et ont perdu près d'une minute à l'arrivée.
Les tifosi étaient eux carrément anéantis. Antonio Tiberi, qui était troisième au général, dégringole au 8e rang, à 3:02 du maillot rose. Quant à Giulio Ciccone, il a perdu toute chance d'accéder au podium, terminant à plus de seize minutes du vainqueur en se tenant la cuisse droite. "Je pense que c'est musculaire", a lâché, dépité, l'Italien qui ne pourra peut-être même pas repartir dimanche.
- "Dommage qu'il faille se détruire" -
"Moi aussi je suis tombé mais j'ai réussi à me relever tout de suite et à revenir vite devant, a raconté Del Toro. Quelqu'un m'a tapé par derrière mais c'était très confus. Je ne savais pas où étaient mes coéquipiers."
Au classement général, le premier Mexicain de l'histoire aux commandes d'un grand Tour compte désormais 1:20 d'avance sur Simon Yates, 1:26 sur Ayuso, 2:07 sur Carapaz et 2:23 sur Roglic.
De quoi voir venir avant l'étape de dimanche où le peloton va prendre de la hauteur pour arriver à Asiago où Thibaut Pinot s'était imposé en 2017 et qui servira d'apéritif à la troisième semaine très montagneuse.
"Ce n'est pas comme ça qu'on a envie de prendre du temps sur les autres. Mais ça ne change rien pour moi", a estimé "Torito", toujours prudent quant à ses ambitions.
Devant, Kasper Asgreen a mené à bout sa folle échappée dans un Giro où il y a eu peu de place pour les "fuga" jusque-là.
"C'est dommage qu'il faille se détruire comme ça pour gagner une course de vélo. Mais quand ça marche ça vaut le coup. Je suis super content", a-t-il déclaré.
Le Danois de 30 ans est un des hommes forts du peloton, vainqueur du Tour des Flandres en 2021 et d'une étape du Tour de France en 2023 sous les couleurs de l'équipe Soudal Quick-Step, déjà après une échappée.
"En deuxième partie de grand Tour, lorsque tout le monde a les jambes lourdes, c'est plus facile de mener une échappée à bon port", a-t-il expliqué en vieux briscard.
S.Morel--PS