Trump reçoit Netanyahu pour parler de l'avenir de la trêve à Gaza
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rencontre lundi son allié Donald Trump aux Etats-Unis pour des discussions centrées sur l'avenir de la trêve à Gaza, au moment où l'avancée à sa deuxième phase semble dans l'impasse.
Nucléaire iranien, Syrie, désarmement du Hezbollah libanais... Les sujets majeurs ne manquent pas pour la cinquième rencontre entre les deux hommes depuis le retour à la Maison Blanche de M. Trump il y a près d'un an.
Mais elle intervient surtout alors que Washington et des médiateurs régionaux souhaitent accélérer la cadence pour lancer la deuxième phase du cessez-le-feu, en vigueur depuis octobre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
Cette étape prévoit le désarmement du Hamas, un retrait progressif de l'armée israélienne de Gaza, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation.
Selon la Maison Blanche, M. Trump doit recevoir le dirigeant israélien à 13H00 (18H00 GMT) dans sa résidence Mar-a-Lago à Palm Beach, en Floride, où il passe les fêtes et a déjà reçu dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky au sujet de l'invasion russe.
- Dernier otage -
Succès majeur de la première année de son mandat, la trêve à Gaza, prévue par un plan de paix supervisé par M. Trump, a mis fin en octobre à deux années de guerre dévastatrice, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023.
Mais le passage à la deuxième phase piétine, malgré la volonté américaine d'obtenir de nouvelles avancées. L'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le gendre du président, Jared Kushner, ont pour cela reçu des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie, médiateurs dans ce conflit, en décembre à Miami.
Israël et le Hamas s'accusent mutuellement de violations. Avant d'entamer les tractations sur la deuxième phase, Israël réclame la restitution du corps d'un dernier otage retenu à Gaza. Le Hamas assure ne pas avoir réussi à le localiser jusqu'à présent.
Le moment de la rencontre est "extrêmement important", a estimé Gershon Baskin, militant pacifiste israélien et médiateur informel impliqué depuis plus de dix ans dans la libération d'otages.
"Il faut que débute la deuxième phase. Il y a même du retard, je pense que les Américains en sont conscients, parce que le Hamas a eu trop de temps pour rétablir sa présence", a-t-il ajouté. "Les Américains ne veulent certainement pas que cette situation perdure".
D'après le média américain Axios, citant des responsables de la Maison Blanche, Washington veut annoncer le plus rapidement possible un gouvernement palestinien de technocrates comme autorité de transition pour Gaza.
Selon la même source, Donald Trump souhaite réunir un nouveau "comité de la paix" en charge de superviser ce gouvernement transitoire lors du forum de Davos en janvier en Suisse.
- "Guerre totale" -
L'analyste Yossi Mekelberg note "de plus en plus de signaux illustrant la frustration de l'administration américaine vis-à-vis de Netanyahu".
"La question est de savoir ce qu'elle va faire à ce sujet", ajoute ce spécialiste du Moyen-Orient au cercle de réflexion Chatham House de Londres.
Quant au Premier ministre israélien, il devrait mettre l'accent sur l'Iran, redoutant une reconstruction de son programme nucléaire et de ses capacités militaires en termes de missiles balistiques.
En juin, les deux ennemis s'étaient livrés une guerre de 12 jours, déclenchée par des frappes israéliennes visant notamment des sites nucléaires iraniens. Les Etats-Unis étaient intervenus, avec des frappes similaires.
L'Iran avait répliqué avec des attaques de drones et de missiles.
Dans un entretien publié samedi, le président iranien Massoud Pezeshkian a encore estimé que les Etats-Unis, Israël ainsi que les Européens menaient une "guerre totale" contre la République islamique.
A l'approche des législatives de l'automne 2026, la rencontre avec M. Trump sera l'occasion pour le dirigeant israélien de concentrer les regards sur l'Iran, et ainsi de détourner l'attention "des difficultés qui l'attendent à domicile", en période électorale, estime Yossi Mekelberg. Avec lui, "tout est lié à son maintien au pouvoir".
I.Moreau--PS