Israël annonce reprendre le cessez-le-feu à Gaza après des frappes meurtrières
Israël a annoncé mercredi reprendre le cessez-le-feu dans la bande de Gaza, après avoir mené des frappes qui ont fait plus de cent morts, selon la Défense civile et des hôpitaux, en représailles à l'attaque mortelle contre un de ses soldats.
Mercredi matin, des panaches de fumée noire s'élevaient dans plusieurs endroits du territoire palestinien après ces frappes, qui ont ravivé chez les habitants la peur d'une reprise de la guerre.
"Les bombardements n'ont pas cessé, il y a eu des explosions toute la nuit", a témoigné Khadija al-Housni, une femme de 31 ans qui vit dans une tente dans le camp de réfugiés d'al-Chati, dans le nord de Gaza.
"Nous venions tout juste de commencer à respirer à nouveau, à essayer de reconstruire nos vies, quand les bombardements ont repris, ramenant la guerre, les explosions et la mort", dit-elle.
"Nous sommes épuisés", a réagi Jalal Abbas, 40 ans, installé sous une tente à Deir el-Balah, dans le centre du territoire. "Le retour de la guerre est ce que nous craignions le plus", a-t-il commenté.
Des images de l'AFP ont montré des blessés pris en charge à l'hôpital Al-Adwa à Nousseirat, dans le centre de Gaza, dont un homme portant dans ses bras un garçon le visage en sang.
"Au moins 101 morts ont été transportés dans les hôpitaux, dont 35 enfants, plusieurs femmes et personnes âgées, à la suite des frappes aériennes israéliennes en moins de 12 heures", a déclaré le porte-parole de la Défense civile, une organisation de secours opérant sous l'autorité du Hamas, Mahmoud Bassal, faisant état aussi de plus de 200 blessés.
Des sources dans cinq hôpitaux, qui ont reçu les victimes, ont confirmé ce bilan.
- "Des dizaines de cibles" -
L'armée israélienne a annoncé mercredi matin un retour au cessez-le-feu après avoir mené des frappes contre "des dizaines" de cibles et visé 30 chefs de mouvements armés opérant dans le territoire.
Le président américain Donald Trump avait assuré avant l'annonce de l'arrêt des frappes que "rien" ne compromettrait l'accord de cessez-le-feu, en place depuis le 10 octobre, qu'il a négocié entre Israël et le Hamas.
"Ils ont tué un soldat israélien. Donc les Israéliens ripostent. Et ils devraient riposter", a-t-il jugé.
Mardi soir, le ministre de la Défense israélien, Israel Katz, avait annoncé que le Hamas avait attaqué les soldats israéliens et le "paierait cher"
L'armée israélienne a ensuite confirmé qu'un soldat, Yona Efraim Feldbaum, 37 ans, avait été tué mardi dans la bande de Gaza.
Selon une source militaire, les faits se sont déroulés dans la zone de Rafah (sud) où l'armée opère pour démanteler les infrastructures et tunnels du mouvement islamiste qui restent à l'est de la "ligne jaune".
Cette ligne délimite la zone au-delà de laquelle s'est retirée, dans le cadre du cessez-le-feu, l'armée israélienne, qui dit contrôler désormais environ la moitié du territoire palestinien.
Cette source a mentionné des tirs "ennemis" contre un bâtiment et contre un véhicule du génie" qui ont provoqué la mort d'un soldat, ainsi que "plusieurs" tirs de missiles antichars sur un autre véhicule blindé.
Ce nouvel épisode de violences est le second après les frappes du 19 octobre menées, selon Israël, après une attaque contre ses soldats.
Le Hamas, qui a pris le pouvoir par la force à Gaza en 2007, a démenti mardi avoir attaqué les troupes israéliennes et réaffirmé "son engagement" envers le cessez-le-feu.
- "Complexe et difficile" -
Le mouvement palestinien avait aussi annoncé le report de la remise, initialement prévue mardi soir, d'une nouvelle dépouille d'otage.
En vertu de la première phase de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré au 13 octobre l'ensemble des 20 otages vivants qu'il retenait à Gaza depuis son attaque contre Israël le 7 octobre 2023. Il devait aussi rendre à cette date les 28 derniers corps mais il n'en a restitué que 15 jusque-là.
Le mouvement assure que les localiser est "complexe et difficile" dans le territoire ravagé.
Mardi, il a dit avoir retrouvé deux corps d'otages, sans préciser quand il comptait les restituer.
Le même jour, le gouvernement israélien a également accusé le Hamas d'avoir mis en scène la découverte supposée d'un corps d'otage, diffusant des images pour étayer ses dires. L'AFP n'était pas en mesure d'en authentifier la date ni le lieu de tournage.
Le Forum des familles a appelé le gouvernement à "agir de manière décisive" contre le Hamas pour ses "violations" de l'accord.
L'attaque du 7 octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.
L'offensive israélienne menée en représailles a fait 68.531 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.
I.Moreau--PS