Israël affirme son droit de veto sur la force internationale à Gaza
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dimanche son droit de veto sur les membres de la force internationale en charge de sécuriser l'après-guerre à Gaza, que son allié américain tente de mettre en place.
Preuve s'il en est de cette volonté de contrôler qui accède au territoire palestinien, Israël a permis à un convoi égyptien d'entrer ce week-end à Gaza pour aider à retrouver les restes d'otages enlevés par le Hamas.
"Nous sommes un Etat indépendant", a martelé M. Netanyahu dimanche lors d'une réunion du gouvernement, en précisant qu'Israël aurait un droit de veto sur les membres de la force internationale.
"Notre politique de sécurité est entre nos mains", a dit le Premier ministre, opposé au déploiement de troupes turques dans cette future force, Ankara ayant accueilli des dirigeants du Hamas.
Le 17 octobre, un responsable turc avait annoncé qu'une équipe de secouristes destinée à rechercher des corps attendait d'entrer dans le territoire palestinien. Les Turcs n'ont finalement pas obtenu le feu vert d'Israël.
- Convoi égyptien -
Or, dans la nuit de samedi à dimanche, ce sont des véhicules et des camions égyptiens transportant des engins lourds de chantier qui sont entrés dans la bande de Gaza, selon un reporter de l'AFPTV, en vue d'accélérer la recherche des 13 dernières dépouilles d'otages.
Le convoi s'est dirigé vers Al-Zawayda, dans le centre de la bande de Gaza, au siège du Comité égyptien de Gaza, où il sera basé. Cette organisation travaille en coordination avec le Croissant-Rouge égyptien.
En vertu du cessez-le feu, le Hamas a remis le 13 octobre, en échange de près de 2.000 prisonniers palestiniens, les 20 otages vivants qu'il retenait encore à Gaza depuis l'attaque meurtrière qu'il a menée le 7 octobre 2023 en Israël et qui a déclenché la guerre.
Israël n'a jusqu'à présent récupéré que 15 des 28 dépouilles d'otages que le Hamas s'était engagé à lui rendre dans le même temps. Le mouvement palestinien affirme avoir besoin de matériel et de plus de temps pour retrouver les dépouilles, dit-il, dans les décombres.
"Nous ne donnerons pas à l'occupation (israélienne) une excuse pour reprendre la guerre (...) de nouvelles zones seront accessibles dimanche pour rechercher certains des corps des prisonniers de l'occupation", a déclaré samedi soir son négociateur en chef, Khalil al-Hayya.
M. al-Hayya s'est plaint en revanche qu'Israël "continue de bloquer l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza". "Les violations (des dispositions de l'accord de cessez-le-feu) inquiètent les gens et menacent la stabilité de l'accord", a-t-il jugé.
- "Israël décidera" -
Jeudi à Ankara, une source du ministère turc de la Défense avait assuré que des discussions autour d'une participation de l'armée turque à une mission de maintien de la paix dans la bande de Gaza étaient en cours.
Mais le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a déclaré vendredi que la composition de la force de maintien de la paix serait soumise à un droit de veto d'Israël. "Il faudra que ce soient des personnes ou des pays avec lesquels Israël se sente à l'aise", a assuré M. Rubio, permettant ainsi à Israël de s'opposer à la présence de la Turquie à Gaza.
"Nous avons (...) clairement indiqué aux forces internationales qu'Israël déciderait quelles forces sont inacceptables pour nous", a rappelé le Premier ministre dimanche à Jérusalem.
De leur côté, les mouvements palestiniens réunis au Caire cette semaine ont affirmé, dans une déclaration commune, "l'importance d'adopter une résolution des Nations unies concernant les forces internationales" à Gaza.
Dans la perspective d'un cessez-le-feu, la "déclaration de New York" préparée par la France et l'Arabie saoudite et adoptée par une majorité écrasante de l'Assemblée générale de l'ONU, prévoit le déploiement sous l'égide de l'ONU d'une "mission internationale temporaire de stabilisation" à Gaza.
Le président indonésien Prabowo Subianto, dont le pays n'a pas de relations officielles avec Israël contrairement à l'Egypte et la Turquie, a notamment assuré être prêt à envoyer des troupes pour y participer.
L.Leduc--PS