
Contre l'"austérité", des cortèges plus garnis que le 10 septembre, émaillés de quelque incidents

Contre "l'austérité": "Plus d'un million de personnes", selon la CGT, ont manifesté jeudi dans toute la France à l'appel de l'intersyndicale pour tenter de peser sur les choix budgétaires du nouveau Premier ministre.
Les cortèges en province ont réuni de 8.800 à 35.000 manifestants à Bordeaux, selon les autorités ou les syndicats, de 14.000 à 20.000 à Lyon, de 1.800 à 3.000 à La Rochelle, de 15.000 à 120.000 à Marseille et de 18.000 à 40.000 à Toulouse.
Partout, l'intersyndicale a rassemblé plus de monde dans les rues que le mouvement né sur les réseaux sociaux "Bloquons tout" le 10 septembre.
Les autorités dénombraient à 15H45 plus de 282.000 manifestants, en dehors de Paris.
Selon le ministère, 23 lycées ont par ailleurs été complètement bloqués et des blocages filtrants ont été mis en place devant 52 autres établissements.
Les agents de la fonction publique d'Etat étaient au total 10,95% sur 2,5 millions d'agents à faire grève, principalement dans l'Education nationale, selon le ministère.
Ce taux d'agents en grève est plus de deux fois supérieur à celui du 10 septembre à l'appel du mouvement "Bloquons tout" (4,58% sur l'ensemble de la journée).
Selon le syndicat L'Union étudiante, "110.000 jeunes" étaient mobilisés jeudi avec "14 facs bloquées et 60% des universités mobilisées avec des actions diverses".
Dans les transports, le trafic est fortement perturbé, conformément aux prévisions, mais pas "bloqué", selon le ministre des Transports démissionnaire, Philippe Tabarot.
Les pharmaciens se sont eux aussi mobilisés pour dénoncer la réduction des remises commerciales sur les médicaments génériques. Selon le syndicat de pharmaciens FSPF, environ 18.000 pharmacies sont fermées sur 20.000.
- "Un avertissement" -
Les huits organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) ont appelé à une journée de manifestations dans toute la France pour tenter de peser sur les choix budgétaires du nouveau Premier ministre, renouant avec l'unité.
Dans le cortège parisien, Hervé Renard, délégué syndical CFTC de 57 ans, s'agace. "On demande encore aux ouvriers de faire des efforts. J'ai pas de dettes, moi. La dette de l'Etat c'est lui qui l'a faite, pas moi", tacle l'ouvrier du BTP.
Nathalie Saidj 62 ans, professeure, espérait jeudi "qu'il y (ait) du monde pour montrer à notre cher Premier ministre que ce serait bien d'avoir une politique plus égalitaire".
"Au quotidien c'est difficile, s'octroyer des loisirs on y regarde à deux fois. Les dépenses de plaisirs spontanés, c'est terminé tout ça", explique Sonia, 58 ans et professeure également, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.
"On se fait marcher dessus depuis des années, les politiques fiscales favorisent les riches et les ultrariches au détriment des autres. Les pauvres crèvent la dalle. La solidarité a été détricotée", s'exclame Olivier Balosso, venu avec ses deux enfants.
- Incidents -
Quelques incidents ont émaillé les cortèges et au total, 140 personnes ont été interpellées (dont 21 à Paris), 75 placées en garde à vue (dont 16 à Paris), selon un bilan de la police établi avant 16H00.
A Paris, un groupe de manifestants encagoulés, en tête de cortège, s'en est pris aux forces de l'ordre en jetant des projectiles (bouteilles et fumigènes), ont constaté des journalistes de l'AFP.
A Rennes, "des jets de projectiles à l'encontre des forces de l'ordre" ont été constatés peu après le départ du cortège. En représailles, les CRS ont tiré "beaucoup" de lacrymogènes pour disperser les manifestants, a constaté un journaliste de l’AFP.
"Un gendarme mobile a été blessé à la main à l'occasion de l'interpellation d'un black bloc à Rennes", a précisé la gendarmerie à l'AFP.
La gare de Rennes a par ailleurs été fermée pendant une heure.
A Lyon, un journaliste de France TV et un policier ont été blessés lors de heurts entre forces de l'ordre et un groupe de jeunes masqués, en tête de la manifestation.
M.Marie--PS