
La Roumanie convoque l'ambassadeur russe pour protester contre l'intrusion d'un drone

La Roumanie a convoqué dimanche l'ambassadeur de Russie pour dénoncer le vol "inacceptable" d'un drone russe la veille dans son espace aérien, quelques jours après une intrusion spectaculaire d'aéronefs similaires dans le ciel polonais.
Bucarest a fait part au chef de la représentation diplomatique russe, Vladimir Lipaïev, de "sa vive protestation" face à "cet acte inacceptable et irresponsable", a écrit dans un communiqué le ministère roumain des Affaires étrangères.
Il a "instamment demandé à la partie russe de prendre toutes les mesures nécessaires" en vue d'éviter qu'une telle "violation de la souveraineté de la Roumanie" ne se reproduise.
Dans la nuit de mardi à mercredi, 19 aéronefs sans pilote russes ont fait une incursion dans le ciel polonais, la première du genre depuis le début de l'invasion par la Russie du territoire ukrainien en février 2022.
Depuis, la Pologne est en état d'alerte, tout comme les Etats de l'Alliance atlantique entretenant une présence militaire sur son sol.
"De tels incidents récurrents contribuent à l'escalade et à l'amplification des menaces sur la sécurité régionale", a dit le ministère à l'ambassadeur.
Le même communiqué souligne que la Roumanie, membre de l'Otan et de l'Union européenne, "reste en contact permanent avec ses alliés".
Le ministère roumain de la Défense avait auparavant qualifié l'incident de "nouveau défi pour la sécurité et la stabilité régionales dans la région de la mer Noire".
La Roumanie avait signalé samedi soir qu'un drone "Geran" avait pénétré dans son espace aérien au cours d'une attaque russe contre des infrastructures de l'Ukraine voisine.
- Aide d'avions allemands -
Samedi soir, deux avions de combat roumains F-16 ont "détecté un drone dans l'espace aérien national" qui a survolé pendant environ 50 minutes l'est de la Roumanie, à partir du village de Chilia Veche, avant repartir près de la ville de Pardina en direction de l'Ukraine, selon le ministère de la Défense.
"Les pilotes ont reçu l'autorisation d'abattre la cible mais, au moment où ils ont eu un contact direct, ils ont évalué les risques collatéraux et ont décidé de ne pas ouvrir le feu".
Ils en avaient pourtant la possibilité depuis une loi votée en février par la chambre haute du Parlement roumain qui permet d'abattre les drones violant les frontières roumaines.
Les F16 ont reçu l'aide de "deux avions Eurofighter Typhoon" allemands qui ont alors effectué une mission de surveillance, a ajouté le ministère.
Selon le communiqué, le drone n'a pas survolé de zones peuplées et n'a pas constitué une menace imminente pour la sécurité de la population.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, plusieurs fragments de drones se sont écrasés sur le sol roumain.
- Des "solutions bien moins coûteuses" -
La ministre roumaine des Affaires étrangères, Toiu Oana, a annoncé qu'elle "soulèverait la question des actions de la Russie à l'Assemblée générale des Nations unies, en demandant instamment le strict respect des sanctions internationales".
Cette intrusion d'un drone en Roumanie est "inacceptable", a réagi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, qui s'est elle aussi empressée de fustiger dimanche une "escalade imprudente" qui "menace la sécurité régionale".
"Nous sommes prêts à enseigner à tous nos partenaires comment se défendre. Chacun voit bien que les Russes étudient les moyens d'apporter la guerre en Pologne et dans les Etats baltes. L'armée russe teste également la Roumanie", a de son côté commenté dans la soirée le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
"Bien sûr, l'Otan dispose de missiles Patriot, d'autres systèmes et de puissants avions de chasse mais, en Ukraine, nous avons des solutions bien moins coûteuses, plus massives et plus systématiques contre les drones russes", a-t-il souligné.
Son homologue américain Donald Trump a quant à lui affirmé samedi être prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie mais à la condition que les pays de l'Otan arrêtent d'acheter du pétrole russe.
L'UE en a interdit depuis 2022 la plupart des importations en provenance de Russie mais l'oléoduc Droujba ("amitié" en russe) a été provisoirement exempté afin de laisser le temps aux Etats d'Europe centrale de trouver de nouvelles solutions.
La Hongrie et la Slovaquie, toutes deux membres de l'UE, continuent de recevoir du pétrole russe via cet oléoduc, qui a été visé à plusieurs reprises par des frappes ukrainiennes ces dernières semaines.
A.Dupont--PS