
Japon: la justice présente des excuses posthumes pour une erreur judiciaire

Des policiers et des procureurs japonais ont présenté mardi leurs excuses sur la tombe d'un homme mort d'un cancer alors qu'il était emprisonné à tort.
Shizuo Aishima, ancien conseiller d'une société de machinerie, avait été placé en détention provisoire avec deux autres dirigeants en 2020 sur des accusations de fraude qui ont ensuite été abandonnées.
Il était mort début 2021 au terme d'une détention qui ne lui avait pas permis de soigner convenablement son cancer.
"Nous nous excusons sincèrement pour avoir mené une enquête et procédé à une arrestation, toutes deux illégales", a déclaré lundi Tetsuro Kamata, sous-directeur général de la police de Tokyo lors d'une rencontre avec la famille dans un cimetière de Yokohama, près de Tokyo, où des hauts responsables de la police et du parquet se sont recueillis sur la tombe de l'homme.
Sa veuve a dit "accepter les excuses", mais ne pas pouvoir pardonner pour autant.
Les trois hommes avaient été inculpés et placés en détention en mars 2020, accusés d'exportation illégale d'appareils capables de produire des armes biologiques.
Shizuo Aishima a été diagnostiqué d'un cancer en octobre 2020, mais les procureurs l'ont d'abord maintenu en détention, avant qu'il ne soit admis à l'hôpital le mois suivant. Il est décédé en février 2021.
Les procureurs ont ensuite abandonné les accusations, la Cour supérieure de Tokyo concluant que l'enquête, les arrestations et l'inculpation étaient illégales et non étayées par des preuves.
Les défenseurs des droits de l'homme demandent depuis longtemps au Japon la fin de la pratique de la "justice de l'otage", qui permet aux enquêteurs d'utiliser de longues détentions provisoires pour tenter d'arracher des aveux.
N.Lucas--PS