
Bangladesh : Yunus annonce la tenue d'élections en février

Des élections seront organisées en février 2026 au Bangladesh, pour la première fois depuis le soulèvement populaire qui a renversé le gouvernement il y a tout juste un an, a annoncé mardi le dirigeant par intérim du pays, Muhammad Yunus.
"Au nom du gouvernement intérimaire, je vais écrire au président de la Commission électorale pour demander que des élections soient organisées avant le mois de Ramadan, en février 2026", a-t-il dit lors d'une allocution publique, à l'occasion du premier anniversaire de la chute de l'ex-Première ministre Sheikh Hasina.
Dans le climat de vives tensions politiques qui perdure depuis le renversement de Sheikh Hasina, M. Yunus, lauréat du prix Nobel de la paix, âgé de 85 ans, avait promis d'organiser des élections générales en avril 2026, une fois adoptée une série de réformes jugées indispensables pour renforcer la démocratie.
Il a assuré en juin qu'il n'envisageait "absolument pas" de rester au pouvoir après les élections.
Le dirigeant par intérim a appelé mardi à réformer le pays, tout en mettant en garde contre ceux qui, selon lui, cherchent à réduire à néant les progrès accomplis.
"Aujourd'hui marque un chapitre inoubliable de l'histoire du Bangladesh", a déclaré le prix Nobel de la paix, âgé de 85 ans, un an après "la libération de notre nation bien-aimée de l'emprise d'un pouvoir fasciste (établi) de longue date".
- Procès par contumace -
"Le sacrifice de milliers de personnes nous a donné la possibilité rare de conduire une réforme nationale, et nous devons protéger cela quoi qu'il en coûte", a écrit M. Yunus dans une lettre publiée à l'occasion de l'anniversaire.
"Le dialogue continue avec les partis politiques et les parties prenantes au sujet des réformes nécessaires, notamment des systèmes politique et électoral", a encore écrit M. Yunus.
Le règne sans partage de Mme Hasina (2009-2024) a été marqué par de nombreuses violations des droits humains, notamment des détentions arbitraires et des exécutions extrajudiciaires d'opposants politiques.
Exilée en Inde, elle est jugée par contumace par la justice du Bangladesh pour avoir ordonné la répression meurtrière des manifestations étudiantes.
Muhammad Yunus a mis en avant, dans sa lettre à l'occasion de l'anniversaire, que malgré les "nombreux efforts de réforme" du gouvernement provisoire, un accord se faisait attendre pour empêcher formellement tout retour d'un pouvoir autoritaire au Bangladesh.
S'adressant par la suite à des milliers de personnes rassemblées sous la pluie, il a lu aux côtés des dirigeants des principaux partis politiques un texte qui va être ajouté à la Constitution du pays.
- "Etat de droit" et "réformes démocratiques" -
"La confiance du peuple (...) telle qu'elle s'est exprimée à travers le soulèvement populaire qui avait pour but de mettre fin à la crise politique et constitutionnelle au Bangladesh est fondée, légitime et reconnue au niveau international", a-t-il lu.
"Le peuple du Bangladesh exprime son souhait de garantir une bonne gouvernance et des élections impartiales, l'Etat de droit et la justice économique et sociale, et d'engager des réformes démocratiques dans toutes les institutions de l'Etat et liées à la Constitution", a-t-il poursuivi, avant d'achever la lecture du document sous les ovations de la foule.
Fariha Tamanna, 25 ans, qui s'est rendue à Dacca à bord d'un train affrété par le gouvernement, a fait part de sa "profonde satisfaction" d'entendre le gouvernement "reconnaître le soulèvement".
"Il reste encore un long chemin à parcourir, tant d'injustices persistent. Mais je garde l'espoir", a-t-elle ajouté.
Enseignant dans une école islamique, Kazi Solaiman, 47 ans, a tenu à souligner que "l'oppresseur a été contraint de fuir en raison du soulèvement populaire".
"J'espère que le Bangladesh ne redeviendra jamais une terre de tyrannie", a-t-il dit à l'AFP.
R.Fournier--PS