
Fin de l'école entre crainte et fierté pour les élèves ukrainiens

En regardant son fils Vladyslav, âgé de 17 ans, obtenir son diplôme de fin d'études secondaires à Kiev vendredi, la militaire Oksana Baranovska a ressenti un mélange de fierté et de crainte.
Son fils a terminé l'école malgré des années de perturbations - d'abord à cause de la pandémie de coronavirus, puis de l'invasion russe - mais elle s'inquiète de ce que lui réserve l'avenir dans un pays en guerre.
Malgré les pourparlers de paix et les efforts diplomatiques déployés pour tenter de mettre un terme à la guerre, la promotion 2025 de l'Ukraine, comme les trois précédentes, a obtenu son diplôme dans un pays soumis à des bombardements quotidiens et où rien n'indique que Moscou veuille mettre un terme à son invasion.
"Comme toutes les mères, je suis inquiète pour l'avenir de mon enfant. A l'école, il était mieux protégé en cas d'attaques. Mais la vie adulte, malheureusement, peut être plus difficile", explique à l'AFP Mme Baranovska, 42 ans.
Lorsque Vladyslav aura 18 ans, il lui sera interdit de quitter le pays en vertu de la loi martiale ukrainienne. Mme Baranovska, qui travaillait comme garde-frontière, a confié avoir offert à son fils une dernière chance de partir à l'étranger avant son anniversaire.
Mais il a insisté pour rester dans son pays.
- Que Poutine aille se faire voir ! -
Vendredi, il a participé à la cérémonie de la "dernière sonnerie" de son lycée, une tradition qui marque symboliquement la fin de l'année scolaire.
Des garçons en costume ont ensuite entraîné des filles vêtues de robes blanches dans une valse dans la cour de l'école. La directrice, Olga Timochenko, a poussé un soupir de soulagement.
"Nous sommes tous vivants, tous en bonne santé, nous étions tous ensemble. C'est pour cela que l'année a été bonne malgré tout", a-t-elle déclaré à l'AFP.
La menace d'attaques russes plane constamment sur les écoles d'Ukraine. Selon Save the Children, les alertes aériennes ont contraint les enfants à manquer en moyenne une leçon sur cinq au cours de l'année scolaire écoulée.
Les Nations unies affirment que plus de 1.600 écoles ont été endommagées ou détruites au cours des trois premières années de la guerre.
Dans l'est du pays, plus proche de la ligne de front, les écoles ont été forcées de se réfugier dans les souterrains pour se protéger des obus.
Mme Timochenko fait valoir que les enfants ont appris les mesures de sécurité. "Lorsque l'alarme retentit, ils sont les premiers à se précipiter, ils connaissent leur place. Vous savez, les enfants s'adaptent à tout très rapidement", a-t-elle souligné.
La remise des diplômes s'est déroulée sans sirène de raid aérien, au grand soulagement de Vladyslav. Le jeune homme de 17 ans avait également un message pour les élèves russes, de l'autre côté de la frontière et de la ligne de front.
"S'il vous plaît, arrêtez cette guerre à tout prix. Ce sera mieux pour vous et pour le monde entier", a-t-il lancé. "Et que Poutine aille se faire voir !"
R.Fournier--PS