
La population de Gaza attend désespérément la distribution d'aide humanitaire

Les Palestiniens de la bande de Gaza attendent désespérément mercredi une distribution d'aide humanitaire alors que la pression internationale s'accentue sur Israël, accusé de ne laisser entrer dans le territoire assiégé qu'une portion d'aide sans rapport avec les besoins immenses de la population.
L'armée israélienne intensifie dans le même temps son offensive dans la bande de Gaza avec le but affiché d'anéantir le mouvement islamiste palestinien Hamas, dont l'attaque le 7 octobre 2023 en Israël a déclenché la guerre, et de ramener les otages qui sont détenus dans le territoire palestinien.
"Nous arrivons à peine à préparer un repas par jour. L'aide n'est pas un luxe - nous avons un besoin urgent et désespéré de tout : nourriture, médicaments, eau potable et produits d'hygiène", a-t-elle ajouté.
Après plus de deux mois et demi d'un blocus total imposé à la bande de Gaza, Israël a annoncé avoir laissé passé une centaine de camions de l'ONU lundi et mardi.
L'autorisation lundi par Israël d'une aide limitée à destination de Gaza a été qualifiée par l'ONU de "goutte d'eau dans l'océan", et 22 pays ont alors exigé d'Israël une "reprise complète de l'aide, immédiatement".
Mais le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) se plaint de complications imposées par Israël qui entravent l'acheminement de l'aide jusqu'à ses destinataires finaux une fois qu'elle est entrée par Gaza.
- "Que des mots" -
"Pour l'instant, l'aide ce ne sont que des mots", déplore Mme Masri, alors que s'intensifie l'offensive militaire élargie lancée samedi par Israël.
"Nos équipes ont transporté 19 morts, pour la plupart des enfants, et des dizaines de blessés après des raids aériens effectués par les avions de guerre israéliens dans diverses zones de la bande de Gaza la nuit dernière et tôt aujourd'hui", a déclaré dans la matinée Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile, un organisation de premiers secours.
Des images de l'AFPTV montre une poursuite des frappes israéliennes, notamment sur le sud de la bande de Gaza depuis le point du jour.
L'ONG Médecins sans frontières a accusé Israël de ne laisser entrer à Gaza qu'une aide "ridiculement insuffisante" face aux besoins du territoire, seulement pour ne pas être accusé "de famine imposée à la population".
"Ce plan est une manière d'instrumentaliser l'aide, en la transformant en outil au service des objectifs militaires des forces israéliennes", a déclaré Pascale Coissard, coordinatrice des urgences MSF à Khan Younis, à Gaza, dans un communiqué.
Le pape Léon XIV a lancé mercredi un "appel pressant" à laisser entrer "une aide humanitaire décente" à Gaza et à "mettre fin aux hostilités", "dont le prix atroce est payé par les enfants, les personnes âgées et les malades".
Face à la situation humanitaire catastrophique et l'intensification des opérations militaires israéliennes à Gaza, de nombreux pays européens ont accentué la pression.
L'Union européenne va réexaminer son accord d'association avec Israël, en vigueur depuis 2000, a annoncé mardi sa cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas.
Le Royaume-Uni a lui dit suspendre les négociations avec Israël sur un accord de libre-échange.
- "Réalité complexe" -
Le président palestinien Mahmoud Abbas a salué mercredi les voix qui se sont levées à l'étranger pour rejeter "les politiques de blocus, de famine, de déplacement et de saisie de terres" et "l'utilisation de l'aide par Israël comme une arme et un outil politique pour atteindre ses objectifs illégitimes".
"Les pressions extérieures ne détourneront pas Israël de sa voie pour défendre son existence et sa sécurité", avait affirmé mardi les Affaires étrangères israélienne, estimant que le réexamen de l'accord d'association UE-Israël reflétait "une incompréhension totale de la réalité complexe à laquelle Israël" fait face et encourageait "le Hamas à rester sur ses positions".
La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas qui a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes alors enlevées, 57 restent retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.
La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 53.592 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
K.Laurent--PS