La Jamaïque se prépare au pire ouragan de son histoire
La Jamaïque se prépare lundi à l'arrivée de l'ouragan Melissa, qui pourrait être le plus violent à jamais avoir touché terre sur son territoire, et pourrait entraîner inondations et glissements de terrain catastrophiques.
"Ne vous aventurez pas à l'extérieur de votre abri sécurisé", a exhorté dans la matinée le Centre américain des ouragans (NHC), tandis que les autorités jamaïcaines pressaient les réfractaires à évacuer.
"Évacuez aujourd'hui, car les conditions vont se détériorer", a insisté la ministre Dana Morris Dixon.
Avec des vents soutenus allant jusqu'à 270 kilomètres par heure, l'ouragan Melissa, de catégorie maximale sur l'échelle de Saffir-Simpson, continue de se rapprocher de l'île caribéenne où il devrait toucher terre dans la nuit ou tôt mardi.
S'il ne perd pas en intensité, il s'agira de l'ouragan le plus puissant à frapper le pays depuis le début des suivis météorologiques.
L'ouragan menace également l'est de Cuba ainsi que le sud des Bahamas et l'archipel des îles Turques-et-Caïques, un territoire britannique.
Evoluant depuis plusieurs jours dans les Caraïbes, il a déjà fait au moins quatre morts en Haïti et en République dominicaine, qui étaient toujours lundi sous la menace de pluies importantes pouvant entraîner des glissements de terrain et inondations.
- "Besoin d'aide"-
En Jamaïque, ses effets se faisaient déjà sentir lundi matin, des vents puissants s'étant abattus sur l'île.
"Je suis vraiment inquiet pour les gens", a confié à l'AFP Enrico Coke, un fermier ayant trouvé refuge dans un bar à Flagaman, dans le sud du pays. "Nous aurons besoin d'aide dès que possible, en particulier d'eau pour la population."
Des précipitations torrentielles pourraient entraîner jusqu'à plus d'un mètre de pluie par endroit, a prévenu Michael Brennan, le directeur du NHC, insistant sur le risque de "crues soudaines catastrophiques et de nombreux glissements de terrain".
Les habitants doivent "se trouver dans un lieu sûr et se préparer à y rester toute la nuit et une grande partie de la journée de mardi", a-t-il ajouté, les autorités météorologiques ayant par ailleurs alerté sur le risque de coupures prolongées d'électricité et des communications.
A l'approche de l'ouragan, les autorités jamaïcaines ont fermé l'aéroport international Norman Manley, qui dessert la capitale Kingston, et les ports maritimes. Elles ont aussi exhorté la population à s'armer de prudence, des vidéos catastrophiques générées par l'IA circulant sur les réseaux sociaux.
- Changement climatique -
L'inquiétude est d'autant plus grande que l'ouragan Melissa évolue à une vitesse très basse, de 6 kilomètres par heure. Ses pluies torrentielles et vents puissants pourraient donc s'éterniser sur les localités affectées.
Pour le climatologue Daniel Gliford, le changement climatique aggrave par ailleurs "tous les aspects les plus néfastes de l'ouragan Melissa".
"Il entraîne des précipitations et des submersions côtières plus importantes et avec des intensités plus fortes que ce qui aurait été observé dans un monde sans changement climatique", insiste l'expert auprès de l'AFP.
Le dernier ouragan majeur - de catégorie 3 ou plus sur l'échelle de Saffir-Simpson - à avoir touché terre en Jamaïque était l'ouragan Gilbert, qui avait fait 40 morts et d'énormes dégâts dans le pays en septembre 1988.
Depuis, l'île avait été frappée par plusieurs ouragans, dont certains majeurs, le dernier en date étant Béryl, en juillet 2024, qui n'y avait toutefois pas touché terre. Anormalement puissant pour cette période de l'année, il avait provoqué de fortes pluies et des vents violents, faisant au moins quatre morts.
Malgré des débuts calmes, la saison 2025 des ouragans dans l'Atlantique, qui s'étire de début juin à fin novembre, devrait cette année être plus intense que la normale, selon les prévisions des autorités météorologiques américaines.
J.Simon--PS