
Les dirigeants océaniens réunis en sommet, Pékin accusé d'ingérence

Les dirigeants des îles du Pacifique ont ouvert mercredi leur sommet aux îles Salomon, une rencontre marquée par des accusations d'ingérence visant la Chine à l'influence régionale croissante.
Les îles Salomon, alliées de Pékin, ont interdit cette année à la plupart des acteurs non-membres, dont Taïwan, d'assister comme d'ordinaire aux réunions du Forum des îles du Pacifique (FIP) - une organisation regroupant 18 membres dont l'Australie, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française.
Selon certains observateurs, Honiara agit sur demande de Pékin pour exclure Taïwan, dont la Chine revendique la souveraineté.
La Chine cherche à renforcer son influence dans le Pacifique Sud. Elle compte parmi les partenaires les plus importants des îles Salomon, avec lesquelles elle a signé un pacte de sécurité en 2022.
Pékin a même fait don de véhicules et d'équipements de police en amont du forum. Et c'est dans un stade de 10.000 places construit et financé par le pouvoir chinois dans la capitale, Honiara, qu'a eu lieu lundi une cérémonie de bienvenue pour les dirigeants.
A l'ouverture du sommet, la présence policière a été renforcée dans la capitale. Les réunions ont commencé vers 09H00 mercredi matin (22H30 GMT mardi) et se tiendront principalement à huis-clos.
Les observateurs craignent que des dissensions au sujet de la Chine lors du sommet ne compromettent la coopération régionale, essentielle dans tous les domaines, du changement climatique à la santé, en passant par la sécurité.
"Des influences extérieures nous dictent désormais qui nous pouvons inviter", a accusé auprès de l'AFP le chef de la diplomatie néo-zélandaise, Winston Peters, le mois dernier.
- "Eléphant dans la pièce" -
La Chine est devenue "l'éléphant dans la pièce", explique aussi à l'AFP Mihai Sora, ex-diplomate australien aujourd'hui directeur du programme des îles du Pacifique au Lowy Institute.
Pékin a même indiqué qu'il serait présent au sommet, sous une forme ou une autre, alors même qu'il n'est pas membre du FIP. L'ambassadeur de Chine aux Salomon, Cai Weiming, a affirmé que l'équipe de liaison de la police chinoise, déployée dans le pays insulaire au titre du pacte de sécurité, pourrait participer à la gestion de la sécurité du sommet.
Des responsables néo-zélandais ont dit à l'AFP craindre que le forum ne "s'effondre" si la Chine y participait.
Les points de tension ne manqueront pas. Outre la Chine, la coopération en matière de sécurité transnationale devrait être un sujet sensible. Des Etats membres ne veulent pas renoncer à ce qu'ils considèrent comme une souveraineté durement acquise, même pour faire face aux menaces régionales.
Le changement climatique sera également une thématique majeure après la victoire du Vanuatu devant la Cour internationale de justice, établissant que les Etats sont tenus de lutter contre le changement climatique, faute de quoi ils doivent accorder des réparations.
Si les partenaires du Forum travaillent ensemble sur la gestion des risques de catastrophes naturelles, certains s'inquiètent de voir des membres s'ouvrir à l'exploitation minière en eaux profondes ou à l'exploration pétrolière et gazière.
H.Robin--PS