
La Syrie va aider Washington à retrouver des Américains disparus

Le pouvoir syrien d'Ahmad al-Chareh a accepté d'aider les Etats-Unis à retrouver les Américains disparus pendant la guerre civile en Syrie, a indiqué dimanche un émissaire américain.
Cette annonce est intervenue au lendemain de la levée formelle par les Etats-Unis des sanctions imposées à la Syrie sous l'ex-président Bachar al-Assad, renversé en décembre par une coalition de groupes rebelles islamistes dirigée par M. Chareh.
Depuis, les relations entre le nouveau pouvoir syrien et les Etats-Unis se sont progressivement améliorées, menant à une rencontre le 13 mai entre le président Donald Trump et M. Chareh à Ryad.
"Un grand pas en avant. Le nouveau gouvernement syrien a accepté d'aider les Etats-Unis à localiser et à rapatrier les citoyens américains ou leurs dépouilles. Les familles d'Austin Tice, Majd Kamalmaz et Kayla Mueller doivent pouvoir tourner la page", a écrit sur X l'envoyé spécial pour la Syrie, Tom Barrack.
La guerre en Syrie a été déclenchée en 2011 par la répression dans le sang de manifestations prodémocratie dans le sillage du Printemps arabe. Elle s'est ensuite complexifiée avec l'intervention de plusieurs acteurs régionaux et internationaux et des groupes jihadistes.
En 2014, le groupe jihadiste Etat islamique (EI) s'est emparé de vastes régions en Syrie et en Irak voisin, avant d'être défait, respectivement en 2019 et 2017, avec l'aide de la coalition antijihadiste dirigée par les Etats-Unis.
De nombreux otages occidentaux ont été enlevés par l'EI en Syrie, dont certains ont été exécutés, d'autres libérés. Mais le sort de plusieurs otages reste inconnu.
- Tice, Kamalmaz, Mueller -
Le journaliste Austin Tice, qui travaillait pour l'Agence France-Presse, McClatchy News, le Washington Post, CBS et d'autres médias, a été enlevé en août 2012 par des hommes armés près de Damas. Son enlèvement n'a jamais été revendiqué et sa mère a vu M. Chareh à Damas en janvier.
Kayla Mueller, une humanitaire qui travaillait avec le Danish Refugee Council, a été enlevée à Alep (nord) en août 2013. L'EI a affirmé que l'otage, alors âgée de 26 ans, avait été tuée près de Raqa (nord) en 2015 dans des raids de la coalition antijihadiste.
Mais lors de son premier mandat, Donald Trump a affirmé en 2019 qu'elle avait été "gardée captive puis tuée" par le chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, lui-même abattu dans une opération américaine cette année-là. Le corps de l'Américaine n'a jamais été retrouvé.
Majd Kamalmaz, un psychologue américain né en Syrie, est disparu depuis son arrestation à un point de contrôle en 2017 alors qu'il était en visite privée à Damas.
Le président Trump a "clairement indiqué que rapatrier les citoyens américains ou honorer dignement leurs dépouilles était une priorité absolue. Le nouveau gouvernement syrien va nous aider dans cet engagement", a affirmé l'émissaire américain.
M. Chareh a dirigé Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, groupe jihadiste rival de l'EI. HTS a été dissous après la chute de Bachar al-Assad.
- Aide du Qatar -
Selon une source syrienne au fait des discussions syro-américaines, outre ceux d'Austin Tice, Majd Kamalmaz et Kayla Mueller "il y a 11 noms sur la liste de Washington, des Syriens ayant la nationalité américaine". Elle n'a pas fourni d'autres détails sur cette liste.
De son côté, et "sur demande des Etats-Unis, une mission du Qatar a commencé à rechercher les restes d'Américains dans le nord de la Syrie tués par l'EI", a-t-elle ajouté.
Le 11 mai, les forces de sécurité du Qatar ont annoncé, selon l'agence officielle qatarie QNA, "la découverte des restes de 30 personnes qui auraient été enlevées et tuées par l'EI à Dabiq", au nord d'Alep.
"Ces efforts font partie d'une opération internationale menée en réponse à une demande officielle du FBI", et "en pleine coordination" avec Damas, a précisé QNA.
En 2022, un membre de l'EI, El Shafee el-Sheikh, a été condamné à la prison en vie aux Etats-Unis pour son rôle dans la mort des journalistes américains James Foley et Steven Sotloff ainsi que des travailleurs humanitaires Peter Kassig et Kayla Mueller, également américains.
X.Francois--PS