
La Russie visée par une salve de drones ukrainiens avant les cérémonies du 9 mai

L'Ukraine a lancé dans la nuit de lundi à mardi plus de cent drones sur le territoire russe, ciblant notamment Moscou et perturbant provisoirement le fonctionnement d'une dizaine d'aéroports, ont annoncé les autorités russes, à trois jours des commémorations de la victoire sur l'Allemagne nazie.
Dans la foulée, le Kremlin a averti que l'armée russe répondrait "immédiatement" en cas d'attaque ukrainienne pendant le cessez-le-feu unilatéral ordonné par Vladimir Poutine du 8 au 10 mai, que son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky a récemment qualifié de "tentative de manipulation".
L'Ukraine, après plus de trois ans d'une offensive russe qui a entraîné la mort de dizaines de milliers de civils et de soldats, pousse toujours, sous la pression de Washington, pour un arrêt "inconditionnel" des hostilités avant des négociations avec la Russie. Une option pour le moment refusée par le président russe.
- Craintes avant le défilé -
C'est dans ce contexte diplomatique et militaire incertain que Moscou, qui accueille vendredi un grand défilé militaire en présence de Vladimir Poutine et d'une vingtaine de dirigeants étrangers, a été la cible dans la nuit de lundi à mardi de drones explosifs ukrainiens.
Selon son maire Sergueï Sobianine, 19 engins ayant visé la capitale ont été interceptés par la défense antiaérienne, faisant craindre la multiplication de ce type d'attaques dans les prochains jours.
Des débris de drone sont tombés sur une grande avenue au sud de Moscou, sans toutefois faire de victimes, d'après M. Sobianine.
Les médias russes ont diffusé des images d'une vitrine de supermarché fêlée et d'une façade noircie d'immeuble résidentiel.
Au total, la Russie a été attaquée dans la nuit par 105 drones ukrainiens, a précisé le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
Quatre aéroports de la capitale -Chérémétiévo, Domodedovo, Vnoukovo et Joukovski- ont imposé pendant la nuit des restrictions provisoires à leur fonctionnement, certains fermant leurs pistes, selon l'agence russe chargée de l'aviation civile, Rossaviatsia.
Les activités de plusieurs autres aéroports russes ont dû être suspendues, notamment dans plusieurs grandes villes sur la Volga comme Nijni Novgorod, Samara, Saratov et Volgograd.
Les gouverneurs des régions méridionales de Voronej et de Penza ont signalé que respectivement 18 et 10 drones ukrainiens avaient été interceptés au-dessus de ces territoires et qu'il n'y avait pas eu de victimes.
Dans la région frontalière de Koursk, une attaque ukrainienne a fait deux blessés, des adolescents, et provoqué des coupures de courant, a dit le gouverneur régional Alexandre Khinsteïn.
- Mise en garde du Kremlin -
En fin de matinée, le Kremlin a mis en garde l'Ukraine, assurant que sa trêve entre jeudi et samedi restait "d'actualité" : "Si le régime de Kiev ne fait pas de même (cesser les combats, ndlr) et continue de tenter de frapper nos positions ou nos installations, une réponse adéquate sera immédiatement donnée", a menacé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, au cours de son briefing.
La "position" ukrainienne "est axée sur la poursuite de la guerre", a-t-il déploré.
Samedi, Volodymyr Zelensky avait dénoncé la "performance théâtrale" de Vladimir Poutine, actant le rejet de Kiev concernant cette suspension pendant trois jours des combats ordonnée sans concertation par le maître du Kremlin, à l'occasion des commémorations de la victoire sur l'Allemagne nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Le chef de l'Etat russe avait déjà unilatéralement décrété, à l'occasion du week-end pascal en avril, un court cessez-le-feu, qui avait conduit à une baisse d'intensité des affrontements sans être totalement respecté par les deux camps. Il a toujours refusé un arrêt des hostilités sans conditions de 30 jours, tel que proposé par Kiev et Washington.
Côté ukrainien, un bombardement russe effectué par des drones a fait un mort dans la région d'Odessa (sud), selon son gouverneur Oleg Kiper.
Une autre personne a été tuée et deux autres blessées, dont une "grièvement", dans une frappe russe sur Kramatorsk, tout près du front oriental, ont également affirmé les autorités locales.
Des journalistes de l'AFP ont entendu sur place une série d'explosions dans la nuit.
Dans l'est toujours, l'armée russe a revendiqué mardi la prise de la localité de Lyssivka.
J.Seguin--PS