Gérard Depardieu, déjà condamné pour agressions sexuelles, devrait affronter un procès pour viols
Déjà condamné pour agressions sexuelles, l'acteur français Gérard Depardieu, 76 ans, devrait affronter un nouveau procès, cette fois devant la cour criminelle départementale de Paris, pour viols sur la comédienne Charlotte Arnould.
Sous réserve d'un appel de l'acteur contre l'ordonnance de renvoi du 28 août, possible en matière criminelle, et d'une décision différente, M. Depardieu pourrait comparaître prochainement lors d'un retentissant procès dans la capitale.
Son avocat, Me Jérémie Assous, a refusé de commenter auprès de l'AFP.
"Sept ans après, sept ans d'horreur et d'enfer... (...). L'ordonnance vient rétablir une forme de vérité judiciaire. Je crois que j'ai du mal a réaliser tant c'est énorme. Je suis soulagée", a salué sur Instagram la comédienne, née en 1995.
Comme requis par le parquet de Paris, la juge d'instruction "ordonne le renvoi de Gérard Depardieu devant la cour criminelle pour des agressions sexuelles et viols par pénétration digitale à deux dates, les 7 et 13 août 2018" au domicile parisien de l'acteur, a déclaré à l'AFP son avocate Me Carine Durrieu Diebolt.
Et d'ajouter: "Nous sommes soulagées et confiantes, ma cliente et moi (...). Cette ordonnance est également une réponse aux allégations mensongères portées à son encontre dans certains médias".
- "Je survis" -
La comédienne avait déposé plainte en août 2018 dans les Bouches-du-Rhône, quelques jours après les faits. Ses accusations avaient fuité dans la presse.
Le parquet de Paris avait récupéré l'enquête puis l'avait classée en juin 2019 pour "infraction insuffisamment caractérisée".
Charlotte Arnould a obtenu ensuite par une nouvelle plainte la désignation à l'été 2020 d'une juge d'instruction, qui a mis en examen l'acteur le 16 décembre suivant.
Un an plus tard, choquée de voir que "rien ne se passe" et que Gérard Depardieu continuait sa carrière "alors que je survis", Charlotte Arnould avait révélé son identité sur Twitter (devenu X).
Puis en avril 2023, deux semaines après un article de Mediapart annonçant que treize femmes accusaient l'acteur de violences sexuelles, la plaigante avait raconté au magazine Elle sa version.
Cet été 2018, la jeune femme alors âgée de 22 ans, sur les rails d'une carrière de danseuse mais souffrant d'anorexie (elle dit peser alors "37 kilos"), change de voie et est retenue pour "Passion", une pièce mise en scène par Fanny Ardant.
A son invitation, elle se rend chez l'acteur, un "ami de la famille", au courant de sa "maladie", qu'elle considérait comme son "petit père du cinéma" et en qui elle avait "forcément confiance".
- "Non-consentement" -
"Au bout de 10 minutes", celui qui "pourrait être (son) grand-père" a mis "sa main dans (sa) culotte", a-t-elle également affirmé.
Viol, d'après elle. Relation consentie, selon lui.
"Jamais au grand jamais, je n'ai abusé d'une femme", avait répliqué l'acteur dans une lettre publiée dans le journal Le Figaro en octobre 2023, soutenant que Charlotte Arnould serait venue "de son plein gré dans (sa) chambre".
Selon des éléments de l'ordonnance de mise en accusation obtenus par l'AFP, la magistrate instructrice a souligné les "déclarations claires et précises" de Charlotte Arnould dès sa plainte puis au cours de l'instruction, corroborées ensuite par la vidéosurveillance du domicile de l'acteur qui a eu lui au contraire des "déclarations fluctuantes".
La magistrate a estimé que l'acteur "a commis les faits en toute connaissance du non-consentement de Charlotte Arnould", ajoutant qu'il avait "admis en confrontation que Charlotte Arnould n'était pas consentante mais qu'il (ne l')avait pas perçu" alors.
César du meilleur acteur en 1981 pour son rôle dans "Le dernier métro" (1980) de François Truffaut et en 1991 pour "Cyrano de Bergerac" (1990) de Jean-Paul Rappeneau, rôle pour lequel il a également été récompensé du Prix d'interprétation au Festival de Cannes, Gérard Depardieu a été pendant plusieurs décennies considéré comme un géant du cinéma français, connu dans le monde entier, avant d'être rattrapé par ses outrances verbales et des accusations de violences sexuelles.
Mi-mai, il a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour les agressions sexuelles de deux femmes sur le tournage en 2021 des "Volets verts" de Jean Becker, condamnation dont il a fait appel.
Q.Vincent--PS